Les classifications sont indispensables pour penser et comprendre le monde. Comme elles sont toujours
construites et relatives, leur actualisation dans les théories et les pratiques provoque de constants effets
de cadrage.
Parmi d’autres acteurs critiques face au jeu des catégories culturelles, les artistes Lisl Ponger et Namsa
Leuba ont entrepris d’explorer les frontières de l’identité et les glissements qu’elles suscitent.
Namsa Leuba est une photographe neuchâteloise d’origine africaine résidant actuellement à New York. Réalisées en 2011 lors d’un voyage en Guinée Conakry, terre des aïeux maternels de la photographe, la série Ya Kala Ben compose un subtil jeu de miroir: les personnes y sont mises en scène comme des objets; la sculpture traditionnelle s’y imprègne d’une logique d’art contemporain; les représentations indigènes et occidentales s’y télescopent, interrogeant au passage les conventions graphiques du tourisme, de l’ethnographie et de la typologie raciale. En résulte une interpellation à double sens qui a ému tant en Afrique qu’en Europe.
ContinuerAvec Xenographische Ansichten (1995) – une série de photographies noir et blanc retouchées à la main – Lisl Ponger interroge l’identité, ses aspects et ses frontières en allant à la rencontre de personnages attirés par l’étranger. Tous ont quitté l’Autriche et développé une nouvelle personnalité marquée par leur pays d’adoption. A leur retour, ils sont devenus au moins partiellement étrangers à leur patrie d’origine et vivent désormais selon un mode de vie très différent. L’artiste les a photographiés sous cette facette nouvelle et ambivalente, découvrant ainsi le monde sans même sortir de l’Autriche de l’Est.
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